L’éthique publique et l’exercice du pouvoir : une comparaison entre les États-Unis et le Canada


Introduction

L’éthique publique constitue le fondement de toute gouvernance démocratique. Elle englobe les principes et les normes qui guident le comportement des responsables publics, assurant que leurs actions servent l’intérêt général plutôt que des intérêts personnels ou partisans. Dans les démocraties libérales, l’éthique publique est essentielle pour maintenir la confiance des citoyens dans les institutions et prévenir les dérives autoritaires.​

Cet article examine comment les États-Unis et le Canada abordent l’éthique publique dans l’exercice du pouvoir, en mettant en lumière les mécanismes en place, les défis rencontrés et les implications pour la gouvernance démocratique.​

5-Éthique et citoyenneté | FFESSM

L’éthique publique aux États-Unis : entre principes et réalités

Aux États-Unis, l’éthique publique est encadrée par une série de lois et de règlements visant à prévenir les conflits d’intérêts, la corruption et l’abus de pouvoir. Des organismes tels que l’Office of Government Ethics (OGE) supervisent l’application de ces règles au sein de l’exécutif fédéral.​

Cependant, ces mécanismes sont souvent mis à l’épreuve par des défis structurels :​

  • Influence de l’argent en politique : La décision de la Cour suprême dans l’affaire Citizens United vs FEC (2010) a permis aux entreprises et aux syndicats de dépenser des sommes illimitées dans les campagnes électorales, augmentant ainsi l’influence des intérêts particuliers sur les élus.​
  • Manque de transparence : Les « Super Pacs » et autres structures de financement politique peuvent masquer l’identité des donateurs, rendant difficile la traçabilité des influences financières.​
  • Conflits d’intérêts : Les allers-retours fréquents entre les secteurs public et privé, connus sous le nom de « portes tournantes », peuvent compromettre l’impartialité des décisions politiques.​

Ces facteurs ont contribué à une érosion de la confiance du public dans les institutions américaines, alimentant le cynisme et la polarisation politique.​

L’éthique publique au Canada : un cadre plus structuré

Le Canada dispose d’un cadre plus centralisé et cohérent en matière d’éthique publique. Le Commissariat aux conflits d’intérêts et à l’éthique supervise l’application des règles pour les membres du Parlement et les titulaires de charges publiques. De plus, le Code de valeurs et d’éthique du secteur public fédéral établit des normes claires pour les fonctionnaires.​

Les caractéristiques clés du système canadien incluent :​

  • Transparence : Les déclarations de conflits d’intérêts et les rapports d’activités sont généralement accessibles au public.​
  • Responsabilité : Les manquements à l’éthique peuvent entraîner des sanctions, allant de la réprimande à la démission.​
  • Prévention : Des formations et des ressources sont disponibles pour aider les responsables publics à comprendre et à respecter les normes éthiques.​

Bien que le Canada ne soit pas exempt de scandales éthiques, le cadre institutionnel en place favorise une culture de responsabilité et de transparence.​

Comparaison des approches américaine et canadienne

Aspect États-Unis Canada
Cadre réglementaire Fragmenté, avec des variations selon les niveaux de gouvernement Centralisé, avec des normes fédérales claires
Supervision Multiple, avec des organismes aux mandats variés Commissariat unique avec un mandat défini
Transparence Variable, dépendant des lois étatiques et fédérales Élevée, avec des rapports accessibles au public
Sanctions Inégales, souvent influencées par des considérations politiques Claires et appliquées de manière cohérente
Culture éthique En déclin, avec une méfiance croissante du public Relativement forte, avec une confiance plus élevée

Implications pour la gouvernance démocratique

Une éthique publique solide est essentielle pour prévenir les dérives autoritaires et maintenir la légitimité des institutions démocratiques. Lorsque les responsables publics agissent de manière éthique, ils renforcent la confiance des citoyens et assurent la stabilité du système politique.​

À l’inverse, des manquements répétés à l’éthique peuvent conduire à une perte de confiance, à la montée du populisme et à la remise en question des principes démocratiques fondamentaux.​

Conclusion

L’éthique publique est un aspect important de la gouvernance démocratique. Bien que les États-Unis et le Canada partagent des valeurs semblables, ils ont des approches différentes en matière d’éthique publique. Le Canada possède un cadre éthique structuré et cohérent, tandis que les États-Unis rencontrent des défis associés à la fragmentation réglementaire et à l’influence de l’argent en politique.

Le renforcement de l’éthique publique est essentiel pour maintenir la viabilité de la démocratie et éviter les tendances autoritaires. Cela exige une détermination politique, des institutions robustes et une culture profondément ancrée de responsabilité.

Dans le prochain article, nous comparerons le processus législatif des États-Unis et du Canada, et examinerons leur influence sur la gouvernance démocratique.​

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Auteur : Gouvernance des entreprises | Jacques Grisé

Ce blogue fait l’inventaire des documents les plus pertinents et récents en gouvernance des entreprises. La sélection des billets, « posts », est le résultat d’une veille assidue des articles de revue, des blogues et sites web dans le domaine de la gouvernance, des publications scientifiques et professionnelles, des études et autres rapports portant sur la gouvernance des sociétés, au Canada et dans d’autres pays, notamment aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France, en Europe, et en Australie. Chaque jour, je fais un choix parmi l’ensemble des publications récentes et pertinentes et je commente brièvement la publication. L’objectif de ce blogue est d’être la référence en matière de documentation en gouvernance dans le monde francophone, en fournissant au lecteur une mine de renseignements récents (les billets quotidiens) ainsi qu’un outil de recherche simple et facile à utiliser pour répertorier les publications en fonction des catégories les plus pertinentes. Jacques Grisé est professeur titulaire retraité (associé) du département de management de la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval. Il est détenteur d’un Ph.D. de la Ivy Business School (University of Western Ontario), d’une Licence spécialisée en administration des entreprises (Université de Louvain en Belgique) et d’un B.Sc.Comm. (HEC, Montréal). En 1993, il a effectué des études post-doctorales à l’University of South Carolina, Columbia, S.C. dans le cadre du Faculty Development in International Business Program. Il a été directeur des programmes de formation en gouvernance du Collège des administrateurs de sociétés (CAS) de 2006 à 2012. Il est maintenant collaborateur spécial au CAS. Il a été président de l’ordre des administrateurs agréés du Québec de 2015 à 2017. Jacques Grisé a été activement impliqué dans diverses organisations et a été membre de plusieurs comités et conseils d'administration reliés à ses fonctions : Professeur de management de l'Université Laval (depuis 1968), Directeur du département de management (13 ans), Directeur d'ensemble des programmes de premier cycle en administration (6 ans), Maire de la Municipalité de Ste-Pétronille, I.O. (1993-2009), Préfet adjoint de la MRC l’Île d’Orléans (1996-2009). Il est présentement impliqué dans les organismes suivants : membre de l'Ordre des administrateurs agréés du Québec (OAAQ), membre du Comité des Prix et Distinctions de l'Université Laval. Il préside les organisations suivantes : Société Musique de chambre à Ste-Pétronille Inc. (depuis 1989), Groupe Sommet Inc. (depuis 1986), Coopérative de solidarité de Services à domicile Orléans (depuis 2019) Jacques Grisé possède également une expérience de 3 ans en gestion internationale, ayant agi comme directeur de projet en Algérie et aux Philippines de 1977-1980 (dans le cadre d'un congé sans solde de l'Université Laval). Il est le Lauréat 2007 du Prix Mérite du Conseil interprofessionnel du Québec (CIQ) et Fellow Adm.A. En 2012, il reçoit la distinction Hommage aux Bâtisseurs du CAS. En 2019, il reçoit la médaille de l’assemblée nationale. Spécialités : Le professeur Grisé est l'auteur d’une soixantaine d’articles à caractère scientifique ou professionnel. Ses intérêts de recherche touchent principalement la gouvernance des sociétés, les comportements dans les organisations, la gestion des ressources humaines, les stratégies de changement organisationnel, le processus de consultation, le design organisationnel, la gestion de programmes de formation, notamment ceux destinés à des hauts dirigeants et à des membres de conseil d'administration.

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