Comment l’utilisation de l’IA peut-elle aider les administrateurs d’un CA dans leurs délibérations et dans la prise de décisions


Comment l’utilisation de l’IA peut-elle aider les administrateurs d’un CA dans leurs délibérations et dans la prise de décisions

Préambule

De plus en plus d’écrits indiquent que l’IA a sa place dans les discussions et les décisions des conseils d’administration. Il est cependant très important de bien alimenter le modèle IA sur une période assez longue, et avec les décisions prises par les administrateurs au fil du temps.

L’utilité de cette approche repose sur le questionnement de l’IA par les membres du conseil lors des rencontres, et sur le prompting successif afin de mieux appréhender les enjeux et les solutions.

En tant qu’outil d’aide à la décision, l’intelligence artificielle trouve une place grandissante dans les discussions et les décisions des conseils d’administration. Son apport repose sur une utilisation progressive et réfléchie, en intégrant les décisions passées et les enjeux propres à l’organisation.

gouvernanceia #reportingia #stratégieentreprise #transformationnumérique… |  Arnaud Cavé, CFA

Voici quelques pistes utiles pour préciser la réflexion sur le sujet :

  1. Un outil d’analyse et de structuration des données

L’IA peut analyser une grande quantité de données internes et externes, permettant aux administrateurs de mieux comprendre les tendances du marché, les performances de leur organisation et les risques émergents. Elle peut aussi identifier des corrélations ou des scénarios qui auraient pu échapper à une analyse humaine.

  1. Une mémoire et une cohérence stratégique

En nourrissant l’IA avec les décisions prises par le conseil sur une période assez longue, elle peut aider à assurer une continuité stratégique. Lors des discussions, elle pourra rappeler les orientations passées et mettre en évidence d’éventuelles incohérences ou contradictions dans les choix envisagés.

  1. Un outil d’exploration et de questionnement

L’utilité de l’IA ne repose pas uniquement sur l’analyse des données, mais aussi sur le questionnement successif par les administrateurs. En ajustant progressivement le prompting, les membres du conseil peuvent explorer divers scénarios, tester des hypothèses et affiner leur compréhension des enjeux.

  1. Une aide à la gestion des risques et à la conformité

Les conseils d’administration doivent souvent se positionner sur des décisions impliquant des risques financiers, légaux ou opérationnels. L’IA peut fournir des synthèses réglementaires, évaluer la probabilité de certains risques et proposer des pistes d’atténuation.

  1. Une complémentarité avec l’intelligence humaine

L’IA ne remplace pas la réflexion humaine ni le jugement des administrateurs, mais elle agit comme un partenaire intellectuel, capable d’apporter une perspective structurée et fondée sur des faits. Elle permet ainsi de renforcer la rigueur des débats et d’éviter certains biais cognitifs.

L’idée centrale que l’IA doit être bien nourrie et utilisée dans un contexte interactif est essentielle.

Un exemple d’usage spécifique de l’IA dans un conseil d’administration rendrait le propos encore plus convaincant et concret.

Le contexte :

Un conseil d’administration d’un Festival de musique doit prendre une décision sur l’orientation artistique des prochaines éditions. Il doit concilier partenaires financiers, équilibre budgétaire, attractivité du programme et fidélisation du public.

Utilisation de l’IA

    1. Analyse des tendances musicales et des préférences du public

L’IA analyse les données des éditions précédentes : ventes de billets, taux de remplissage, enquêtes de satisfaction.

Elle croise ces informations avec les tendances musicales actuelles et les performances d’artistes similaires dans d’autres festivals.

    1. Simulation de scénarios budgétaires

Le CA explore plusieurs options (programmer des têtes d’affiche coûteuses, miser sur des artistes émergents, équilibrer les genres musicaux).

L’IA modélise l’impact financier de chaque choix en intégrant les coûts de production, les prévisions de billetterie et les commandites potentielles.

    1. Gestion des risques et recommandations stratégiques

L’IA signale les risques : inflation des cachets d’artistes, saturation du marché, dépendance excessive à certaines sources de financement.

Elle suggère des stratégies d’atténuation, comme la diversification des partenariats ou l’optimisation de la grille tarifaire.

    1. Appui à la prise de décision et à la justification

Les administrateurs questionnent l’IA sur l’impact à long terme de leurs décisions.

L’IA structure les arguments pour aider à converger vers une décision éclairée et documentée.

En résumé, grâce à l’IA, le conseil ne se contente pas d’une discussion subjective, mais s’appuie sur une analyse rigoureuse pour prendre une décision alignée avec la mission du festival et ses contraintes financières. Ce type d’approche pourrait s’appliquer à divers contextes (planification stratégique, gestion des ressources humaines, gouvernance éthique, etc.).

La dynamique des membres d’un conseil d’administration dans la recherche de solutions efficaces

Un conseil d’administration efficace repose sur une interaction dynamique entre ses membres, où l’intelligence collective permet de prendre des décisions éclairées. Voici les principaux éléments qui caractérisent cette dynamique :

    1. Une diversité d’expertises et de perspectives

Un CA est généralement composé de membres aux compétences variées (finances, marketing, gestion humaine, artistique, juridique). Cette diversité est une richesse, car elle permet d’aborder une problématique sous plusieurs angles.

    • Avantage : Éviter les décisions biaisées ou trop cloisonnées.
    • Défi : Harmoniser des points de vue parfois divergents.

Exemple : Lors d’une discussion sur la programmation d’un festival, un administrateur financier pourrait privilégier la rentabilité, tandis qu’un directeur artistique mettrait l’accent sur l’innovation et la qualité.

    1. Une prise de décision basée sur des faits et des analyses

Les décisions d’un CA ne doivent pas reposer uniquement sur des impressions ou des intuitions, mais sur des données concrètes. L’IA peut jouer un rôle clé en fournissant des analyses objectives sur les tendances, les performances passées et les prévisions.

    • Avantage : Réduire l’incertitude et renforcer la crédibilité des décisions.
    • Défi : Ne pas tomber dans une dépendance excessive aux données, en oubliant l’aspect humain et intuitif des décisions.

Exemple : Une IA peut signaler une baisse d’intérêt pour certains styles musicaux, mais les administrateurs doivent aussi tenir compte de la mission du festival et du positionnement souhaité.

    1. Une culture du débat constructif et du consensus

Un CA efficace encourage le débat, mais veille à éviter les blocages liés aux conflits d’opinions. L’important est de confronter les idées sans entrer dans des affrontements personnels.

    • Avantage : Explorer toutes les options avant de dégager une solution.
    • Défi : Trouver un équilibre entre discussion approfondie et prise de décision rapide.

Exemple : Lorsqu’une décision sur l’augmentation du prix des billets divise les membres, l’IA peut simuler plusieurs scénarios pour aider à trouver un compromis (ex. : ajuster les prix par catégorie de spectateurs).

4. Un leadership clair et une répartition efficace des rôles

Un bon CA est structuré avec un président qui facilite les échanges, appuyé d’un secrétaire qui consigne les décisions afin d’en assurer le suivi, et des administrateurs engagés dans leur rôles respectifs.

    • Avantage : Fluidité dans la gestion des réunions et mise en œuvre efficace des décisions.
    • Défi : Éviter une trop grande hiérarchisation qui limiterait les                        contributions de chacun.

Exemple : Lors d’une discussion stratégique, le président veille à donner la parole à tous et à recentrer les débats pour éviter l’éparpillement.

    1. Une évaluation continue des décisions et un suivi rigoureux

Une décision ne s’arrête pas à son adoption ; il faut en mesurer l’impact et ajuster si nécessaire.

    • Avantage : Capacité d’adaptation et amélioration continue.
    • Défi : Ne pas se laisser paralyser par des révisions constantes.

Exemple : Après avoir décidé d’intégrer plus d’artistes émergents dans un festival, le CA analyse les retours du public et ajuste la programmation de l’année suivante en fonction des résultats.

Conclusion

Un conseil d’administration efficace est un équilibre entre expertise, débat, prise de décision éclairée et suivi des actions. L’IA peut être un allié précieux, mais elle doit être intégrée dans une dynamique humaine qui valorise la discussion et l’expérience des membres.

Est-ce que cette vision pourrait correspondre à la réalité des conseils auxquels vous participez ?

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Auteur : Gouvernance des entreprises | Jacques Grisé

Ce blogue fait l’inventaire des documents les plus pertinents et récents en gouvernance des entreprises. La sélection des billets, « posts », est le résultat d’une veille assidue des articles de revue, des blogues et sites web dans le domaine de la gouvernance, des publications scientifiques et professionnelles, des études et autres rapports portant sur la gouvernance des sociétés, au Canada et dans d’autres pays, notamment aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France, en Europe, et en Australie. Chaque jour, je fais un choix parmi l’ensemble des publications récentes et pertinentes et je commente brièvement la publication. L’objectif de ce blogue est d’être la référence en matière de documentation en gouvernance dans le monde francophone, en fournissant au lecteur une mine de renseignements récents (les billets quotidiens) ainsi qu’un outil de recherche simple et facile à utiliser pour répertorier les publications en fonction des catégories les plus pertinentes. Jacques Grisé est professeur titulaire retraité (associé) du département de management de la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval. Il est détenteur d’un Ph.D. de la Ivy Business School (University of Western Ontario), d’une Licence spécialisée en administration des entreprises (Université de Louvain en Belgique) et d’un B.Sc.Comm. (HEC, Montréal). En 1993, il a effectué des études post-doctorales à l’University of South Carolina, Columbia, S.C. dans le cadre du Faculty Development in International Business Program. Il a été directeur des programmes de formation en gouvernance du Collège des administrateurs de sociétés (CAS) de 2006 à 2012. Il est maintenant collaborateur spécial au CAS. Il a été président de l’ordre des administrateurs agréés du Québec de 2015 à 2017. Jacques Grisé a été activement impliqué dans diverses organisations et a été membre de plusieurs comités et conseils d'administration reliés à ses fonctions : Professeur de management de l'Université Laval (depuis 1968), Directeur du département de management (13 ans), Directeur d'ensemble des programmes de premier cycle en administration (6 ans), Maire de la Municipalité de Ste-Pétronille, I.O. (1993-2009), Préfet adjoint de la MRC l’Île d’Orléans (1996-2009). Il est présentement impliqué dans les organismes suivants : membre de l'Ordre des administrateurs agréés du Québec (OAAQ), membre du Comité des Prix et Distinctions de l'Université Laval. Il préside les organisations suivantes : Société Musique de chambre à Ste-Pétronille Inc. (depuis 1989), Groupe Sommet Inc. (depuis 1986), Coopérative de solidarité de Services à domicile Orléans (depuis 2019) Jacques Grisé possède également une expérience de 3 ans en gestion internationale, ayant agi comme directeur de projet en Algérie et aux Philippines de 1977-1980 (dans le cadre d'un congé sans solde de l'Université Laval). Il est le Lauréat 2007 du Prix Mérite du Conseil interprofessionnel du Québec (CIQ) et Fellow Adm.A. En 2012, il reçoit la distinction Hommage aux Bâtisseurs du CAS. En 2019, il reçoit la médaille de l’assemblée nationale. Spécialités : Le professeur Grisé est l'auteur d’une soixantaine d’articles à caractère scientifique ou professionnel. Ses intérêts de recherche touchent principalement la gouvernance des sociétés, les comportements dans les organisations, la gestion des ressources humaines, les stratégies de changement organisationnel, le processus de consultation, le design organisationnel, la gestion de programmes de formation, notamment ceux destinés à des hauts dirigeants et à des membres de conseil d'administration.

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